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Indore et Mandu

Puplié le

Vendredi 21 septembre

Le bus de nuit pour Indore s’avère moins épuisant que le dernier en date, mais ce n’est quand même pas un voyage de rêve. Du coup, à 7h du matin, nous arrivons un peu cassés à la station de bus d’Indore, où mon amie Mayuri, professeur de français à l’Alliance française, vient heureusement nous chercher en voiture. Depuis que nous nous connaissons (4 ans déjà !), Mayuri n’a eu de cesse que de me faire venir à Indore afin de me faire découvrir à la fois sa ville, sa région et SON Alliance française. C’est pourquoi Indore s’est retrouvé dans notre parcours, alors même que nous ne savions absolument rien du patrimoine de cette ville… Mais c’est en tout cas un vrai soulagement, après ce trip épuisant dans le Gujarat, de nous remettre entre les mains d’une jeune femme parfaitement francophone et qui a à coeur de très bien nous recevoir.
A notre arrivée chez Mayuri, le livreur de lait est là ; elle lui en achète plusieurs litres tous les matins car la famille est nombreuse (une famille de neuf personnes quand même : Mayuri et son mari Ajay, le frère d’Ajay, sa femme et leurs deux enfants, et le père des deux frères, ainsi que de deux de ses soeurs restées célibataires), et végétarienne ; le lait et les produits laitiers (ils fabriquent leur propre yaourt et leur ghee, une sorte de beurre clarifié) sont donc très importants dans leur alimentation.

Mayuri nous montre notre chambre et nous prenons une douche avec… ravissement on va dire, le terme n’est pas trop fort, avant de redescendre au rez-de-chaussée pour une prière familiale à Ganesh, le dieu à tête d’éléphant (dont le festival vient de commencer), à laquelle nous sommes conviés à participer – attention vidéo à l’arrache mais rigolote ! – ; puis dans la salle à manger pour un petit-déjeuner avec Mayuri et son mari Ajay. Les trois hommes de la famille sont avocats, et tout le monde est debout très tôt ici. Mayuri elle-même se lève à 5h du matin tous les jours – ce qui nous épate bien évidemment…

Mayuri nous annonce alors qu’elle nous a d’autorité réservé un ravissant hôtel au bord d’un lac, à deux-trois heures de route d’Indore, dans cette petite ville de Mandu dont elle affirme qu’”elle est très romantique après la mousson” -, c’est son cadeau de bienvenue pour nous. Nous avons deux heures pour nous reposer et puis nous repartons vers cette petite cité médiévale, en taxi et à ses frais. C’est une très jolie surprise ! D’autant plus que Mandu s’avère une visites des plus agréables : quiétude, proximité avec la nature, vieilles pierres chauffées par le soleil, bergers et chèvres… une excursion charmante qui nous transporte littéralement dans le passé, au temps de la splendeur musulmane médiévale (palais et mosquées). De notre bungalow nous avons vu sur un lac très paisible où fleurissent les nénuphars… bon OK, ya du moustique et ça noircit un peu le tableau, mais on commence à être habitués. Au-dessus de nos têtes, de grands singes passent en criant, et une chienne très conviviale nous accompagne dans notre promenade au coucher du soleil…

Samedi 22 septembre

Nous finissons le séjour à Mandu par la visite du plus grand palais local, composé de plusieurs bâtiments séparés par des étangs et agrémentés de bassin. l’un d’entre eux était le palais des amours du sultan – un fieffé baiseur si je puis me permettre, qui s’est fait construire cet espace spécialement pour y profiter de la vie avec ses nombreuses maîtresses. Au bord du bassin dédié à ses plaisirs il n’est pas difficile d’imaginer les fantômes du prince et de ses concubines échappées du harem le temps d’un moment de plaisir avec leur seigneur et maître… enfin pour qui a un peu d’imagination.

Après cette excursion à Mandu, nous revenons vivre en famille pendant les deux jours suivants. Mayuri nous a aussi programmé une conférence de presse / session interactive avec ses étudiants au Café Palette, un café artistique comme le nom l’indique, pour une rencontre informelle dédiée à l’art et à la culture. Yann disserte ainsi de photographie (plusieurs jeunes sont très intéressés car ils pratiquent eux-mêmes la photo en amateurs), et moi de danse et de culture française, devant de jeunes Indiens aussi curieux de nous que nous le sommes d’eux ! Nous espérons un peu, aussi, aider ces débutants dans la francophonie (enfin… l’un d’entre eux, Hansu, n’est pas débutant du tout, et parle même excellement notre langue, d’ailleurs il l’enseigne) à mieux appréhender une culture à propos de laquelle il subsiste encore tant de clichés… on pense par exemple aux questions stupides de l’un des journalistes, comme “pourquoi les Français sont-ils si sûrs d’eux ?”, “pourquoi les Français n’aiment-ils pas les Anglais ?” (spéciale dédicace à Zöe) ou “pourquoi les Français ont-ils tellement le sentiment d’être les meilleurs dans la mode ?” (je crois d’ailleurs qu’à cette dernière question j’ai dû répondre un truc du genre “Mais parce que nous sommes les meilleurs voyons !” histoire de le conforter un peu plus dans ses a priori quant à notre arrogance… ma soeur, si tu nous lis…). Les étudiants avaient des questions bien plus intéressantes (“Pourquoi les Français aiment-ils tant le fromage ?”), et nous avons beaucoup ri avec eux. Certains ont attendu la fin de la séance pour venir me demander de leur enseigner les “bad words” (les insultes et autres vulgarités). J’en ai donné quelques-uns avec l’accord des profs de l’Alliance – il y a donc maintenant à Indore quelques personnes qui savent dire “putain”, “bordel de merde” et “connard” ! Si les photos qui ont illustré la séance dans la presse nous montrent en train d’observer les tableaux exposés dans le Café, c’est parce qu’il y avait une expo dédiée à Ganesh dans le cadre de son festival, Ganesh Chathurti, et les artistes exposés étaient des élèves des Beaux-Arts d’Indore. J’aurais bien acheté l’un des tableaux mais “on” m’a freinée (tortionnaire…).

Nous terminons la soirée dans un superbe restau avec Mayuri, Ajay et leurs neveu et nièce, où, comme souvent, nous nous faisons avoir par l’abondance des entrées et ne pouvons goûter à aucun plat de résistance !

Dimanche 23 septembre

Le lendemain dimanche, une journée de visites commence, avec Mayuri, sa collègue de l’Alliance française Sheetal, et le jeune Hansu pour nous servir de guides : d’abord un tour au temple hindou de Ganesh pour une bénédiction matinale parmi la foule, puis au temple jaïn (un très joli temple où les photos sont interdites, hélas pour vous, car l’intérieur est une mosaïque en miroir de toute beauté) ; ensuite la visite d’un palais du XIXème conçu sur le modèle européen, dans le jardin duquel trône une statue de la reine Victoria ; et puis une balade dans un patio joliment aménagé qui appartenait à la famille royale d’Indore.

Nous passons par les rues où trônent des Ganesh plus décorés les uns que les autres, et je cherche en vain une jupe de gitane à m’acheter – c’est dimanche et tout n’est pas ouvert. A la place je prends une paire de lunettes de soleil (plus utile). Indore est une ville très peu touristique mais c’est dommage, surtout en cette période de festival religieux où les rues sont animées, et nous ne sommes pas ennuyés un seul instant ! Comme d’habitude, on nous regarde, mais sans doute moins qu’au Gujarat – seul un petit garçon est visiblement très désireux que Yann le prenne en photo avec son bébé chien (Julie), qui n’a visiblement que quelques semaines et qu’il secoue d’amour dans tous les sens (je ne prédis pas une longue vie à ce chiot…). Bon nous tombons aussi sur deux petits mendiants un poil agressifs, qui ne décollent que lorsque nous reprenons la voiture. C’est rare en Inde cette insistance presque violente (ils cherchent à nous arracher nos boissons), d’ailleurs les passants et les commerçants n’apprécient pas et nous avertissent contre ces mômes. On est vraiment mal à l’aise quand on voit ça : donner (pauvreté évidente oblige) ou envoyer bouler (aucun avenir pour ces gosses si la mauvaise habitude de la mendicité qui rapporte est déjà prise) ?

En début d’après-midi nous raccompagnons Hansu dans le lycée où il enseigne, et qu’il nous fait visiter… un vache de campus énorme et richissime, où les élèves sont pourris-gâtés (multiples terrains de sport, auditorium, et tutti quanti…). Nous sommes épuisés à la fin de la journée, et passons la soirée tranquilles chez les Assudani – Ajay et Mayuri nous aident à réserver un billet de train en ligne (car c’est vraiment l’enfer pour des étrangers !). Ensuite nous faisons juste un dernier tour en voiture avec Ajay et Mayuri pour admirer les différents Ganesh et réaliser l’ampleur de la fête qui se tient autour des statues. Comme c’est au tour de Yann d’avoir mal au ventre, c’est à lui de goûter le kicheri, ce mélange de riz et de lentilles très léger et digeste recommandé en cas de troubles intestinaux. Pas très excitant mais efficace…

Le lendemain nous avons un vol pour Goa, et c’est Mayuri qui nous dépose à l’aéroport après nous avoir béni d’un tikka chacun. Sur le chemin elle nous dit : “C’est la première fois que je recevais des Français alors j’espère que je n’ai pas commis d’impair”…!!! Ca c’est le pompon !!! Ajay et Mayuri nous ont offert une immersion (presque) totale dans le quotidien d’une famille indienne. Nous avons été choyés et traités comme des rois (ou comme des dieux, puisque “Hindus usually say that guests are their gods”), découvrant la culture et la gastronomie locales – même si Mayuri, qui connaît bien la France et les Français, a aussi pris grand soin de nous servir aussi des toasts et des céréales au petit-déjeuner, et des donuts au chocolat en dessert, pour nous éviter l’indigestion de nourriture indienne ! Nous avons même eu droit à une représentation privée de kathak effectuée par le plus jeune membre de la famille (très douée !!!) et sa copine de classe… Et puis, grâce à eux, nous avons aussi découvert Mandu, un vrai coup de coeur.

Et maintenant : à nous trois, Goa !!!!

Raconté par Amélie

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