Un voyage d’Amélie Pontaillier et Yann Pagès
Les transports
« Il n’est pas figures plus heureuses que celles de cent indigènes macérant depuis trente-six heures dans une voiture à vingt places. Mâchant le bétel et triturant leurs doigts de pied, ils hument la volupté du mouvement mécanique. »
Albert Londres, En Inde
Les moyens de transport en Inde mériteraient un livre à eux seuls ! Ils sont aussi diversifiés qu’inconfortables et épuisants, mais sont également exotiques et excitants, et représentent le meilleur moyen de voir et de comprendre le pays. La mobilité des rickshaws (sortes de tricycles verts motorisés, capotés de jaune, qui servent de taxis dans les villes et les villages) affronte la lenteur des bus et des trains aux circuits ruraux, bondés et comme submergés par des marées humaines aux bagages parfois improbables (des poulets par exemple…).
Les rues indiennes sont emplies de véhicules de toute sorte : dans les métropoles les rickshaws tentent d’éviter les taxis modernes ou les plus anciens, jaune et noir, les camions ultra-décorés dont le cul réclame qu’on les klaxonne, mais aussi les carrioles-tricycles, les vélos, les vieilles motos et les scooters qui transportent des familles entières, le père conduisant, la mère, juchée en amazone, portant le dernier de la fratrie, et les frères et soeurs s’agrippant comme ils le peuvent, tout ceci dans une atmosphère enfiévrée de sonneries de klaxons et enfumée par les pots d’échappement… Dans certaines zones l’éléphant et le dromadaire supplantent l’âne et portent des charges – ou même tirent des carrioles.
Mais le meilleur mode de transport reste encore la marche à pied, et lorsque l’on a des choses à porter, il suffit de les placer sur sa tête…
Sur les routes de campagne… ou en ville, la même diversité des transports.
A Delhi en rickshaw, on dépasse les autos…
L’Inde est le deuxième pays le plus peuplé au monde… et ça se voit !
On n’aurait jamais cru, du côté de chez nous, que mobylettes et scooters puissent être aussi « spacieux » !!!
Mais en Inde, tous les moyens sont bons pour avancer, même en famille (nombreuse), même sans casque…
L’héritage anglais est toujours bien présent…
Ah ! l’Inde et ses moyens de transport incroyables !
Camions ultra-décorés, klaxons hurlant, freins inexistants, compteurs inutiles, mendicité incorporée dans le trajet…
Le vélo indien dans tous ses états…
Éléphants
Alexandre nous emprunta la force de l’Alcide,
La sagesse de nos fronts, la ruse de nos genoux,
Depuis, aux cours asservies pèse encor son joug solide.
Aux attelages de dix pieds faites place, tous,
Au cortège
Des grosses pièces de siège !
Rudyard Kipling, Le Livre de la Jungle
« Chant de parade des animaux du camp » (extrait).
Chameaux
Nous n’avons jamais eu nul vieux refrain chameau
Pour aider à traîner notre cahin-caha,
Mais chacun de nos cous est un trombone en peau
(Rtt-ta-ta-ta ! Chacun est un trombone en peau !)
Notre seule chanson de marche, écoutez-la :
Peux pas ! Veux pas ! N’irai pas ! Rien savoir !
Qu’on se le passe et allez voir !
Un bât tourne, tant pis, si ce n’est pas le mien !
Une charge a glissé — halte, hurrah ! Crions bien !
Urr ! Yarrh ! Grr ! Arrh !
Quelqu’un écope et pas pour rien !
Rudyard Kipling, Le Livre de la Jungle
« Chant de parade des animaux du camp » (extrait).
Pour deux roupies on peut maintenant prendre le métro à Delhi.
En gare, en train
Quant aux gares indiennes, elles sont de purs joyaux pour les sociologues qui tentent de comprendre le pays : un joyeux foutoir totalement hétéroclite de passagers en partance, qui s’amoncellent sur les quais, y dorment, y mangent, y câlinent leurs enfants… tout ça pour prendre un train dans lequel ils n’auront probablement pas de place assise et où ils subiront une terrible chaleur, mal combattue par le système local « d’air conditionné » (multiplication des ventilateurs) – ce qui ne les dérangera pas outre mesure car, dans le voyage à l’indienne, ce qui compte n’est ni le point de départ, ni le point d’arrivée, ni même les conditions du voyage, mais le sentiment du voyage lui-même. Dans le train comme dans le bus les visites se multiplient : vendeurs de cacahuètes, de fruits, d’eau, mais aussi mendiants, lépreux, acrobates et « artistes » de tout crin. Le bruit est omniprésent : les voyageurs parlent fort et rient tout aussi puissamment, et interpellent le voyageur blanc égaré parmi eux, source éternellement renouvelée de leur curiosité et de leur admiration. Certains allument des transistors et, dans certains bus de luxe, un film bollywoodien hurle sur des écrans de télévision : le bruit en Inde, c’est la vie… alors le silence fait peur.
Le mot d’Amélie
Nous avons fait de nombreuses rencontres dans les trains et les bus que nous avons fréquentés, rencontres qui ont largement compensé les souffrances de nos lombaires ! Dans le bus pour Sawai Madhopur / Ranthambhore une famille entière se tenait derrière nous, les parents très fiers de nous montrer leurs ravissantes fillettes pour que nous les prenions en photo. Ensuite dans le train de retour vers Delhi, nous avons notamment sympathisé avec nos voisins de banquette, dont un seul parlait (un peu) anglais. La communication n’était pas évidente mais les Indiens usent et abusent du sourire, le meilleur vecteur d’émotion positive qui soit… Ce sont eux qui nous ont défendus contre les assauts répétés des mendiants – dont une « vendeuse de bénédictions » qui a chantonné un hymne hindou en brûlant de l’encens à nos côtés, avant de nous marquer d’un tikka orange -, et ont participé joyeusement à notre séance de photographie.
Dans le train, après le passage de la vendeuse de bénédictions
Toujours dans le train
Dans les bus
La marche à pied
D’Agra à Jaipur en passant par Delhi et Ranthambhore, le moyen de transport le plus utilisé est encore la marche à pied. Mais si l’on est chargé, mieux vaut avoir des cervicales en béton !
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