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Back to Bangalore

Puplié le

Hampi c’était donc de la balle. Maintenant, il faut revenir dans la grande ville (les Indiens disent une « metro », comme dans « métropole ») pour y reprendre des forces avant de repartir plus au sud. Et puis, il nous reste cette histoire de bagages à renvoyer en France que nous ne pouvons plus remettre à plus tard, maintenant que nous devons recommencer nos trajets en bus…

Jeudi 11 octobre

Après une nouvelle nuit dans le train-couchettes, moins agréable que la première car nous sommes cette fois quatre dans notre « compartiment », nous arrivons tôt le matin à Bangalore. Kirthi n’a répondu à aucun de mes messages/appels, je suis un peu inquiète, nous ne savons pas où aller… Du coup c’est Sai qui nous récupère, car il a, lui, décroché son téléphone… Il nous donne son adresse et nous filons chez lui, très surpris qu’une jeune femme nous ouvre la porte ; nous ne le savions pas en couple… et c’est alors que je reconnais Meera, une excellente danseuse de Bollywood que j’ai connue lorsqu’elle avait 16 ans et qu’elle débutait la salsa, et qui était venue passer quelques jours chez moi à Shanghai avec son pygmalion Anup lorsqu’elle avait 20 ans. Bref, tout ça me fait bien rigoler : c’est un peu les Feux de l’Amour à Bangalore ! Tous les salseros que j’ai connus en couple se sont séparés et recasés avec d’autres salseros que je connaissais aussi (pas qu’à Bangalore d’ailleurs), comme si personne n’osait (ou ne voulait) aller chercher chaussure à son pied en dehors du milieu salsa. Au temps pour l’exogamie. En tous les cas c’est Meera, accompagné du chien Pemba avec qui Yann va devenir très copain, qui nous ouvre la porte et qui nous prépare le petit-dej, « parce que la femme de ménage de Sai est en congé » dixit. Sic. Eh oui c’est ça les hommes indiens : ils ne savent pas faire cuire un œuf ou laver une chaussette ! Meera, qui a donc son propre appartement et qui, d’habitude, ne dort pas toutes les nuits avec Sai, s’est donc installée chez lui pour trois semaines jusqu’au retour de sa femme de ménage. Ça en dit long sur le statut de l’épouse en Inde… Cela dit ça fonctionne pour tous les deux, ils sont contents comme ça, et nous accueillent avec beaucoup de gentillesse. Meera est bavarde comme tout, elle est contente de pouvoir parler de ses souvenirs avec moi, elle qui a arrêté la danse à la demande de ses parents qui voulaient qu’elle ait un « vrai métier », et qui en crève un peu plus chaque jour… L’appartement de Sai, un appartement de famille, est située dans une résidence chicos et entièrement décoré avec des photos du gourou de la famille, Sai Baba (…et devinez maintenant pourquoi Sai s’appelle Sai…), un petit Indien décédé il y a peu de temps, qui arbore fièrement une touffe de cheveux digne d’orner la tête d’un acteur de la Blaxploitation. Comme ça m’intéresse de savoir qui est cet homme, Sai (le nôtre) me tend une revue où figure un hommage à Sai (le sien) Baba. C’est intéressant parce que, dans la bio du monsieur, on retrouve beaucoup d’éléments « mythiques » qui figurent dans plein de religions – à commencer par le christianisme -, comme la révélation dès l’enfance de l’exceptionnalité du prophète/gourou, qui prononce des paroles de sagesse démontrant sa transcendance à l’âge où les autres gamins font arheu arheu. Je précise que « guru », en hindi, ça veut dire « maître », et qu’il n’y a aucunement l’idée de secte et/ou de danger derrière le mot dans ce pays. Au contraire, il évoque la sagesse et, par là-même, provoque le respect chez tous les Indiens – et ce quelle que soit leur religion. Nous avons par exemple beaucoup vu, depuis que nous sommes ici, des images et des statuettes d’un petit bonhomme à barbe blanche coiffé d’un bandana rouge (ce qui a lui valu d’être surnommé « père Noël » par Yann, toujours très respectueux des choses de la religion), qui, apparemment, n’appartenait à aucune religion précise mais s’est fait aimer de tous pour ses paroles d’amour et de tolérance. Du coup, on trouve son image chez les Hindous, les Sikhs, et même, semblerait-il, les Bouddhistes et les Jaïns (etc etc). Fin de la parenthèse religieuse.

A 9H Sai nous embarque pour le studio où il a à faire, et puis nous partons pour la Poste où Kirthi nous rejoint avec nos deux sacs (car oui, nous avons DEUX sacs à renvoyer)… et les ennuis commencent. Franchement, envoyer un paquet en France depuis l’Inde ça s’avère plus compliqué que le Routard ne le disait. D’abord, les tarifs ne sont pas ceux que j’ai trouvés en ligne : « Ah ben oui mais ça c’est parce qu’ils viennent de changer ! » me dit l’employé – Moi : « Mais quand ? » – « Oh euh, hier ou avant-hier… »… ben voyons. « Ou alors c’est parce que c’est différent d’un Etat à l’autre. ». Oui. Ou alors c’est encore une autre raison mais on n’en saura pas plus, pas la peine de s’énerver. Ensuite, le système le plus rentable (avion + bateau, envoi sous trois à six semaines) n’existe pas. Pourquoi ? On n’en saura rien. Résultat, il faut payer bonbon puisqu’il nous reste l’avion (cher) ou le bateau (trop long). La bonne nouvelle par contre c’est qu’ici, ils s’en foutent de vérifier le contenu du sac (on n’est plus au Cachemire) : « Vous avez des liquides ou des produits électroniques dedans ? » – « Non. » – « Bah c’est bon. » Ah ben OK alors… Par contre pour les cartons ou le papier-bulle, ici, tu peux te brosser ; il faut ressortir de la Poste, aller chez le tailleur à un bloc de là, consolider le sac un peu vide par endroits en l’enserrant dans une gaine de scotch (« Vous avez du scotch ? » – « Non. ». Bon, alors d’abord : aller acheter du scotch), faire coudre ton sac dans autre sac (en tissu, sur mesure), écrire l’adresse de l’expéditeur, celle du destinataire, et des mentions « fragile » partout, au marqueur sur le tissu (« Vous avez un marqueur ? » – « Non. ». Bon, alors d’abord : aller acheter un marqueur), et ensuite revenir à la Poste en faisant une croix sur le papier-bulle et en priant pour que rien ne soit pété pendant le transport. Et puis faut pas être pressé parce que, chez le tailleur, chacun son rôle : celui qui prend les mesures ne coud pas, et celui qui coud à la machine n’est pas le même que celui qui coud à la main ; or nous avons besoin des deux (le premier pour fabriquer le sac sur mesure, le deuxième pour finir de fermer le sac en tissu une fois notre sac bardé de scotch enfermé dedans… Et nous avons deux sacs en plus car 22 kilos à renvoyer (or la Poste ne peut acheminer que des paquets de 20 kilos maximum) – mais vous croyez que le quatrième larron (dont nous n’avons pas compris la fonction) aurait pu se lever du tas de tissu sur lequel il se vautrait pour venir donner autre chose que des directives – genre un coup de main, par exemple pour coudre le deuxième sac en même temps qu’un autre tailleur avançait sur le premier ? Ben non, chacun son rôle, chacun sa place. Et nous voilà sept à regarder bosser le tailleur-machine, qui, tout seul, finit proprement l’espèce de taie d’oreiller dans lequel un autre tailleur finira de coudre notre sac… Logique interne à l’Inde, pays de plus d’un milliard d’habitants où chacun doit trouver un métier, et personne ne prendre le métier d’un autre…

Ensuite retour à la Poste, mais nous sommes tous les quatre inquiets : ça nous semble bien peu protégés tout ce matos. Et Sai et Kirthi, qui nous ont pris en main, décident qu’il vaut mieux attendre un peu et chercher du papier-bulle pour mieux protéger les sacs, et revenir les poster demain. Bon. En attendant on s’en va manger puis faire un tour au centre commercial pour nous remettre de toutes ces émotions, et puis Sai nous remmène dîner chez lui, où Meera, en bonne petite femme au foyer, nous a préparé à manger et lavé notre linge (on se moque pas, on remercie)…

Vendredi 12 octobre

Dans la matinée nous partons en quête de papier-bulle… ça ne se trouve pas à tous les coins de rue et nous crapahutons pas mal (heureusement, en voiture) avant de trouver notre bonheur. Et comme vous l’aurez deviné, après cela, c’est retour à la Poste – et avant ça, retour chez le tailleur pour faire rouvrir (oui vous avez bien lu : ROUVRIR !!!!) les sacs si péniblement cousus la veille. Cent fois sur le métier… On se sent comme des Pénélope obligées de défaire leur précieuse broderie… Mais Yann et Sai avancent rapidement avec le papier-bulle, et c’est bardés de scotch et du fameux papier protecteur que nous refourrons les sacs dans les taies, et que le tailleur-main recommence son travail. Ensuite il ne faut plus que quelques instants pour confier les sacs au postier, avec un intense sentiment de délivrance – et quand même un peu d’inquiétude.

Sai et Kirthi sont, du coup, assez à la bourre dans leur programme, et nous les laissons repartir (avec beaucoup de remerciements) après nous avoir déposés au centre commercial, où nous mangeons un bout avant de filer à la gare routière et d’embarquer pour Mysore. Renouer avec les bus indiens nous procure une joie que j’aurais du mal à vous dissimuler – heureusement, le trajet n’est pas long et un gentil rickshaw-wallah nous embarque dès notre sortie du bus en direction de notre hôtel. Nous le réservons pour la journée du lendemain, qui sera la seule que nous passerons dans cette ville et que nous voulons bien remplie…

Raconté par Amélie

Vos commentaires

3 Commentaires

  1. J’aime te lire ,tu écris bien ma chérie.

  2. Quand j’aurai un paquet à envoyer je demanderai l’aide de yann… Il est doué pour le scotch…. Mais le collant pas l’alcoolisé!!!!


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