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Backwaters

Puplié le

Branle-bas de combat ! Aujourd’hui nous déménageons, mais ça ne va pas se faire en quelques minutes. Nous arriverons ce soir à Alleppey, la « Venise indienne », après avoir passé une journée entière sur les backwaters – ces canaux et lacs qui développent leur immense réseau, pour partie naturel, sur la longueur d’une partie de la côte kéralaise. Donc il faut un peu d’organisation ! Nous avons réservé le tour sur les backwaters en agence, via notre logeur de Kochi qui nous a promis que nos bagages nous suivraient en voiture et nous attendraient au point d’arrivée du bateau. Ensuite, c’est taxi et bus jusqu’à Alleppey… Alors nous voici, attendant patiemment devant notre maison d’hôtes, qu’une voiture passe nous prendre. C’est un peu trop touristique comme système mais nous n’avons pas vraiment vu comment faire autrement… et j’avoue que la tchatche du logeur l’a emporté au final, car j’avais plutôt prévu de faire les backwaters depuis Alleppey, et non depuis Kochi – mais il m’a assuré qu’à Kochi ça nous reviendrait beaucoup plus cher. Je doute encore, m’enfin…

La voiture arrive et au bout d’une demi-heure environ nous arrivons à l’embarcadère, qui se niche en contrebas d’un pont pas très joli. Un homme descend justement dans l’eau quand nous arrivons, pour effectuer ses ablutions – l’eau est plutôt stagnante et saumâtre par ici pourtant… Nous grimpons dans notre bateau, assez grand pour accueillir une douzaine de touristes, et recouvert d’une coque en osier destinée à nous protéger de la pluie qui ne va certainement pas manquer de tomber à un moment ou à un autre. Nous avons un guide, très sympathique et drôle – surtout quand il joue de son accent indien très prononcé –, et un batelier – qui travaille un peu comme un gondolier, avec une (très) longue gaffe grâce à laquelle il fait avancer le bateau en poussant sur le fond et en repoussant les rives dans les canaux les plus étroits. Notre guide nous explique que nous effectuerons trois arrêts : l’un dans une fabrique qui transforme les coquillages en une poudre utilisable notamment comme ciment (car il y a des coquillages dans les backwaters, eh oui !), l’autre dans une petite entreprise familiale qui travaille la noix de coco (et surtout la fibre de coco), et enfin un troisième arrêt pour déjeuner de façon traditionnelle. Ensuite, l’après-midi se passera à voguer, soit dans ce même bateau en restant sur des espaces plutôt lacustres, soit dans un bateau plus petit qui passera par des canaux plus étroits – mais comme tout bon canoë qui se respecte, ce bateau-là n’aura pas de toit… ce sera à nous de choisir, et ça dépendra grandement du temps !

Et c’est parti ! Nous commençons une promenade très agréable, sous un ciel qui fait un peu la gueule mais ne pleure pas encore, et sur une eau lisse comme un miroir d’argent ; nous croisons rapidement d’autres bateaux comme le nôtre, mais surtout de beaucoup plus grands, les kettuvallams, des bateaux-maisons aujourd’hui convertis en hôtels de luxe – beaucoup plus grands et beaucoup plus polluants puisqu’ils fonctionnent à l’essence et dégueulassent franchement l’eau sur laquelle ils circulent… Par moments c’est presque un embouteillage touristique. Mais nous croisons aussi de beaux oiseaux et c’est bien ce qu’on était venus chercher ! Martin-pêcheurs perchés sur les quelques fils électriques qui passent d’une rive à l’autre ou cormorans aux ailes ouvertes qui prennent le soleil… beaucoup d’oiseaux qui se postent dans l’abondante végétation vert foncé, dans les hauts arbres fruitiers ou non, parmi les grosses fleurs colorées… et même un gros serpent d’eau !!!

Arrive le premier arrêt, dans la fabrique de coquillages ; ici on récupère les coquilles de petits coquillages d’eau douce, dont la chair est vendue au marché pour consommation, pour en faire une poudre utilisée à divers usages : ciment, mais aussi médicaments par exemple. Dans la fabrique, ça pue d’une façon très agressive, une odeur qui ne reste pas dans le nez mais descend jusqu’à la gorge – ça rend la visite difficile, on a plutôt envie d’abréger malgré l’intérêt indéniable de la chose… Le plus étonnant c’est la façon dont les coquilles, une fois traitées d’une façon spécifique, prennent feu de façon spontanée en présence d’eau, ce qui les réduit définitivement en poudre.

Le deuxième arrêt se fait un peu plus loin, dans une petite propriété, nichée contre le canal, où deux Pénélopes sont en train de dévider inlassablement la fibre de coco nichée dans leur giron, en répétant un rituel qui consiste à accrocher la fibre en aval, pour partir à reculons vers le rouet situé en amont où elles s’arrêteront pour finir le travail et recommencer encore une fois la même chose. Ca ressemble aux Enfers grecs… le supplice de la tâche répétitive et continue. Mais comme les images valent souvent plus que les longues explications, on vous laisse découvrir la chose :

La fibre de coco est extrêmement utile car elle est très solide et utilisée pour de nombreux usages (d’ailleurs le toit de notre bateau n’est en fait pas en osier, mais bel et bien en fibre de coco), aussi est-ce l’une des productions importantes du Kerala (l’état le plus riche de toute l’Inde, par ailleurs, puisqu’il regorge de richesses naturelles et reste la première destination touristique du pays). Malgré l’intérêt de la visite, la faim commence à se faire un peu sentir… nous achetons quelques chips dans cette petite propriété, puis repartons pour terminer cette première partie de promenade dont le dernier temps fort est la prise de gaffe par deux-trois des touristes que nous sommes – un exercice plus difficile qu’il n’en a l’air en fait ! Petit moment de fierté : Yann est le meilleur de tous à cet exercice, le reste du bateau se met même à l’applaudir quand il rejoint son siège. Du coup, je me dis qu’en cas de chômage prolongé à notre retour, il pourra toujours se reconvertir en gondolier du Kerala…

Et puis, c’est enfin l’heure de déjeuner ! Nous nous arrêtons dans une grande salle où les tables sont disposées en U. Cela va nous permettre de discuter un peu avec nos voisins (et notamment le Japonais placé à ma gauche, qui finit un tour du monde d’un an), car pour le moment, dans le bateau, c’était chacun pour soi… Le repas est excellent ; on nous sert, de façon traditionnelle, directement du pot dans l’assiette – enfin l’assiette qui est en fait une grande feuille de bananier – du curry, des légumes, du riz,… les touristes que nous sommes peuvent commander des bières (presque personne ne se fait prier dans le groupe), et nous passons un moment agréable, à écouter la pluie tomber sur l’eau et sur les larges feuilles des arbres qui environnent la salle… car oui, la pluie finit par tomber. Pour Yann et moi, les choses sont claires, nous continuerons sur ce même bateau cet après-midi. Nous avons conscience que ce sera sans doute beaucoup moins intéressant, mais prendre la flotte pendant quatre heures avec tout le matériel photo/vidéo serait peu judicieux… Nous passons donc l’après-midi dans notre coquille de noix – de noix de coco évidemment, ha ha ha – mais, sans doute à cause de la pluie, nous ne verrons plus grand-chose d’intéressant sur notre route. C’est un moment paisible et agréable cela dit, et plusieurs touristes s’endorment…

Nous revenons à notre point de départ vers 17 heures… et là, mauvaise surprise, notre logeur a totalement « oublié » de prévenir notre guide que normalement nous étions pris en charge jusqu’à Alleppey, ou au moins jusqu’à la gare routière qui y conduit ! Nous voici obligés de poireauter à l’arrêt de bus, en espérant en voir arriver un qui nous emmènerait jusqu’à la fameuse gare routière (à 6 kilomètres de là) où nous pourrions sans doute en prendre un deuxième jusqu’à Alleppey… avec tous nos sacs, ce qui représente un poids total d’environ 60 kilos… Je suis en pétard – mais ça ne change rien. Il nous faut quand même embarquer dans un bus blindé qui comme d’hab couine et zigzague, mais où des gens très gentils essaient de me motiver à enlever mon sac et à m’asseoir à côté d’eux – ce que je n’ai pas du tout envie de faire car enlever le sac dans ce bus au couloir étroit, pour le remettre dans 6 kilomètres est, à ce stade, une manœuvre plus compliquée que de le garder sur le dos. Enfin bref, c’est super, mais on est routard ou on ne l’est pas, n’est-ce pas ? A chaque cahot je manque de m’effondrer sur des gens, mais on finit par en rire… et par arriver à la gare routière.

Après, il nous faut environ une heure et demie pour rallier Alleppey, puis un rickshaw pour atteindre notre maison d’hôtes. C’est charmant – il y a un grand jardin dans lequel sont disséminés de petits bungalows paisibles, et au fond de ce jardin passe un petit canal qui mène lui-même aux backwaters. Notre bungalow donne sur ce petit canal… La pièce est grande, et la moustiquaire de notre lit crée un effet « baldaquins » du plus romantique. Bon, elle a aussi une vocation pratique essentielle, comme je ne tarde pas à m’en rendre compte… ici, les moustiques ne plaisantent pas ! Ne surtout pas laisser portes ou fenêtres ouvertes donc… Problème majeur par contre : ici le petit déjeuner est compris, mais pour les autres repas, il faut reprendre un rickshaw – et encore faut-il qu’il y en ait un qui passe dans ce coin un peu isolé – et retourner d’où nous venons pour manger un bout ! Nous comprenons donc assez vite que nous aurons intérêt à regrouper nos activités afin de ne pas trop dépenser en transports durant les trois jours que nous passerons ici…

Raconté par Amélie.

P.S. : …et comme on ne vantera jamais assez l’importance de l’autodérision, une petite vidéo neuneue pour (me) rappeler que je ne suis pas si intelligente que ça.

Site à visiter

https://www.greatbackwaters.com

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