Chandigarh version salsa
Jeudi 30 août
Aujourd’hui nous entamons notre séjour à Chandigarh, une ville nouvelle pensée par Le Corbusier au milieu du XXème siècle, et qui concentre le plus grand taux au monde de monuments construits par le maître… Bref, une ville au feeling très européen avec ses grandes avenues et ses ronds-points organisés, et où on peut parfois oublier qu’on est en Inde. J’y connais Varun et Barsha, deux professeurs de salsa rencontrés il y a six ans lors du premier festival indien où j’avais été invitée, et qui m’ont concocté ici une série de stages de danse, histoire de renflouer ma cagnotte. Mais pour bien faire, il faut d’abord en passer par l’étape conférence de presse… Je suis un peu inquiète à cette idée car c’est un exercice que je n’ai jamais pratiqué ; et puis surtout, je ne me sens pas assez star pour mériter une conférence de presse, surtout quand je m’aperçois que les photographes, et même la télévision, sont là !!! Au final, tout se passe bien, même lorsqu’il s’agit de prendre des poses ridicules, un peu bollywoodiennes, sur un ballon de gym (la conférence se déroule dans un club de fitness).
Mais le plus drôle, c’est surtout que Yann ait dû mettre la main à la pâte !!! En effet, tous les journalistes l’ont pris pour mon partenaire et nous ont demandé de poser ensemble. Et pire, de danser ensemble !!! Le résultat est bluffant : Yann ressemble à un vrai danseur de salsa. Nous n’avons pas encore récupéré toute la presse mais en voici déjà un petit échantillon, rien que pour le plaisir.
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A part cette conférence de presse, la journée s’écoule tranquillement. Varun et Barsha nous prennent totalement en charge, nous emmenant au restaurant, faire du shopping, et aussi voir le lac de Chandigarh, un espace de détente où tout le monde vient flâner et prendre l’air…
Le soir, nous dînons en famille, avec leur fils de dix-huit mois (Samar, un vrai numéro, et surtout un noctambule confirmé qui refuse de se coucher avant 2h du matin), juste après le repas des parents de Varun qui vivent avec leur fils et leur belle-fille (un grand classique en Inde où la famille est une notion sacrée). Ils ont à coeur de nous préparer des plats traditionnels indiens en nous en donnant les noms et en nous expliquant de quelle région ils proviennent, mais nous sommes relativement incapables de retenir toutes ces informations… En tout cas la nourriture est très bonne, mais comme d’habitude très épicée. Le soir, nous dormons dans leur chambre qu’ils nous ont gentiment abandonnée pour que nous bénéficions de l’air conditionné et de la seule salle de bains dont les toilettes soient occidentales. Par contre, nous restons avec notre linge sale sur les bras car… euh… ça porte malheur de faire des lessives le jeudi.
Vendredi 31 août
Comme je pose beaucoup de questions sur Chandigarh et Le Corbusier, Varun décide de nous emmener à l’Alliance française pour consulter quelques bouquins. Du coup on rencontre le directeur (très fier de nous faire visiter SON Alliance française) ainsi que son adjointe au service culturel, et, de fil en aiguille, Yann est pressenti pour présenter des oeuvres dans leur grande et belle salle d’exposition l’année prochaine. Pas mal hein ? Je consulte quand même les livres en passant, et me rends compte aussi que les proverbes français affichés partout dans la bibliothèque ont un petit côté “école des années 50” suranné – mais pas déplaisant.
Ce soir première soirée salsa, alors en attendant on bosse un peu ; je prépare mes CDs pour “mixer” le soir-même et Yann vaque – il se prépare psychologiquement à l’idée d’une soirée full salsa je crois bien. Et même si, d’ailleurs, dans la première partie de la soirée, il s’est un peu ennuyé (et a compensé par la photographie et les bières, évidemment largement servies dans ce pub appelé “Big Ben”), il a pourtant mis les pieds sur la piste – contraint et forcé par Misha (une des élèves de Varun) au début en tout cas, mais de son propre chef à la fin, lorsque le DJ local a repris les platines pour jouer du hip-hop. Et là, oui, pour la première fois de ma vie : j’ai vu Yann danser !!! Un vrai choc…
La soirée se termine tôt et nous dînons au Big Ben dans la foulée – ouais !!!! de la nourriture occidentale !!! de la bière !!! Joie.
Samedi 1er et dimanche 2 septembre
Peu de choses à raconter ici : c’est du boulot non stop pour moi – encore que cela soit un boulot bien agréable. Les stages s’enchaînent, les élèves apprécient, je prends mon pied à renouer avec cette partie de ma vie. Pendant ce temps, Yann, qui n’assiste qu’aux cours débutants, travaille ses photographies et skype avec sa famille.
Pas de soirée le samedi mais une vraie folle ambiance le dimanche soir : Varun et Barsha inaugurent quatre titres qu’ils ont produits, les premiers titres salsa et bachata jamais produits en Inde (chantés en hindi). Misha est l’une des chanteuses, Varun et Barsha interprètent une bachata, et tous sont très fiers et très heureux de notre présence à cette soirée. La communauté salsa est petite à Chandigarh, mais elle sait faire la fête, la soirée est super et, à la fin, vire carrément au bollywood, avec quelques musiques du genre et, surtout, de la musique traditionnelle du Punjab, qui se danse d’une façon bien spécifique : le Banghra. Et c’est alors que Yann se lance comme un fou sur la piste (comme un fou on vous dit !), provoquant ainsi chez moi un deuxième choc (en seulement deux jours !). J’ai des photos pour le prouver…
Pendant cette soirée j’ai pris un mémorable gadin, que Yann a eu la gentillesse de ne pas immortaliser, donc pour le remercier nous ne publierons pas de video de lui en train de danser (à sa demande)…
Pendant les stages et les soirées d’autres journalistes sont venus m’interviewer et me photographier. C’est très étrange comme truc, et je compte sur Varun pour m’envoyer très vite le résultat de ces moments bizarres (l’impression d’être une star tout en sachant que je ne le suis pas…)… Demain nous reprenons la route pour une courte étape à Amritsar, à la frontière indo-pakistanaise, avant de repasser par Chandigarh.
Raconté par Amélie