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Goa nous voilĂ  !

Puplié le

Lundi

Après un changement à Bombay (l’atterrissage au milieu des bidonvilles est toujours aussi marquant), nous rallions l État de Goa, autrefois enclave portugaise dans l’immense territoire indien. Et pas seulement durant la période britannique mais bien après encore puisque les Portugais n’ont lâché leur (certes petite mais carrément idyllique) colonie qu’en 1963, soit 16 ans après l’indépendance de l’Inde. Et ça se sent, qu’ici on n’est pas tout à fait en Inde ! Surtout pour nous qui arrivons d’Inde du Nord… Notre expérience dans le Gujarat en particulier est très fraîche dans nos mémoires, et le contraste est saisissant… Le taxi que nous prenons à l’aéroport pour nous emmener jusque dans la petite plage du nord où nous avons réservé une chambre (Vagator) longe le littoral : ce n’est que palmiers et verdures tropicales sur le fond bleu soutenu du ciel et de la mer, le tout ponctué des taches de couleurs vives que font les maisons et les temples dans le paysage. En parlant de temples d’ailleurs, si on en voit quelques-uns, ce sont surtout les chapelles et les églises blanches ou bleu pâle, de modèle colonial, qui sautent plutôt aux yeux. Ici les missions chrétiennes ont visiblement réussi leur tâche…

Nous arrivons dans notre bled : ce n’est en effet qu’un micro-village où abondent les guesthouses, les restos et les magasins… tourisme oblige. D’ailleurs dès notre premier pas en direction de la plage le harcèlement des petites vendeuses ambulantes commence ; elles sont gentilles tout plein avec leur discours tout prêt (“Hello baby what’s youre name ? Oh it’s a beautiful name ! My name is Sylvia – ou Sharon ou Monica, n’importe quoi d’américain -… Where are you from ? French ? Français ? Comment ça va, comme ci comme ça… Darling please buy me something… is this your man ? Hey, sir, never let her go okay ? She is great” etc etc…). Bref, elles nous font marrer et du coup on se fait bien proprement dévaliser… En fait elles mettent la mise tellement haut pour les bijoux qu’elles vendent que même en respectant les règles du marchandage et en réduisant le prix des deux tiers on se fait avoir. À Goa, pour le shopping, c’est pas gagné…

Au bout d’un (long) moment entre leurs petites pattes avides on arrive à s’échapper pour admirer le coucher de soleil. Comme d’hab c’est joli, même si la plage n’est pas des plus propres (seringues et bouses de vache, on est bien chez les neo-hippies ET toujours en Inde).

Puis on s’en va boire un verre chez Tintin, un bar fondé par un fan d’Hergé où nous sympathisons avec Madhu, le serveur, un Indien aussi grand que Yann (une fois n’est pas coutume) et plutôt joli garçon. D’ailleurs sa copine est française, on a les mêmes goûts elle et moi ! Il y a de la bière et du vin, et comme on s’y sent bien on reste aussi dîner. Quand l’addition arrive on se dit juste que nos quatre jours à Goa vont nous coûter plus cher que tout le premier mois du voyage… Allez, c’est parce qu’on le vaut bien. Je dirais même plus : c’est parce qu’on le vaut bien. Je crois qu’à la fin on est un peu saoûl, et c’est ce qui conduit Yann à faire quelques expérimentations vestimentaires et capillaires (enfin… moustachières). Mais bon il ne veut pas poster toutes les photos (pfff, vraiment aucun sens de l’auto-dérision ce garçon).

Mardi

Nous déjeunons pas loin de la jolie petite guesthouse où nous dormons dans un bungalow enfoui dans un jardin tropical ravissant. Jessie, la proprio, nous loue un scooter pour que dalle et nous prenons la route – sans casque évidemment, ça ne se fait pas à Goa. Pas grave, ya Jésus peint sur le guidon, nous sommes sous haute protection… C’est normal en fait, Jessie ça rime avec messie. Et puis de toute façon, en bord de mer, le scoot avec le vent dans les cheveux est un plaisir qui ne se refuse pas !

Nous remontons le littoral vers le nord, en quête d’une plage sympa. On traverse d’abord Chapora, un petit village adorable, très coloré et dont la plage, avec ses palmiers et ses barques, a l’air sympa au premier abord – jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’elle sert de dépotoir et d’égout à toutes les maisons qui la bordent. Sur le chemin nous tombons ensuite sur THE cathédrale, Saint-Anthony, située au bord du fleuve Chapora. On boit un coup en bord de mer et on repart…

Enfin, un peu plus haut c’est la plage que nous cherchions, à Morjim : propre et quasi-désertique. Mais pas un pet’ d’ombre, et le drapeau rouge qui claque au vent nous avertit de ne pas déconner avec la mer ; elle est de mauvais poil aujourd’hui. On se baigne très prudemment du coup, ce qui ne nous empêche pas de cramer – malgré notre protection indice 30. Les micro-crabes pailletés qui assument le job de terrassiers du bord de mer nous occupent aussi un bon moment – reporters animaliers que nous sommes. Je soupçonne d’ailleurs que c’est en essayant de les filmer que j’ai pris mon plus beau coup de soleil…

Ce n’est qu’en partant de Morjim beach que nous nous apercevons qu’un chien crevé gisait à deux pas de notre scooter… eurk.

Pour terminer la journée nous montons jusqu’aux confins de l’État de Goa pour aller visiter le fort de Tiracol. Ça grimpe un peu alors on bénéficie d’un superbe point de vue… On traverse un bras de rivière par bac puis on atteint le fort,converti en hotel de luxe. Pas de bol, c’est désert et le bar et fermé… Tant pis, pour le coucher de soleil on s’arrête sur la route du retour dans un bar ou je m’agace un peu ; par trois fois j’essaie de commander une boisson différente, et par trois fois ils me répétent qu’ils ne l’ont pas. Et à quoi elle sert la carte, hein ???

On rentre à la nuit, Yann est un peu inquiet car il n’y voit rien et, sans visière, il se bouffe tous les insectes du coin… mais on arrive sains et saufs chez nous.
Le soir nous retournons chez Tintin voir Madhu, c’est un trop bon bachi-bouzouk.

Mercredi

Aujourd’hui nous reprenons le scooter mais nous n’allons pas bien loin… Pris d’une flemme terrible nous traversons juste un peu la campagne (oh ces temples qui ressemblent à des gâteaux de mariage !!!) puis nous nous arrêtons au sud de Vagator, à Anjuna beach, là où tous les touristes de cette période de basse saison se sont donné rendez-vous. Ça n’en fait pas des masses heureusement ! Sur la plage, d’autres petites vendeuses (à moins que ce ne soient les mêmes ?) se disputent les attentions des touristes qui somnolent sur des transats. Le calme n’est troublé que par le passage, au petit trot, d’un troupeau de vaches. Nous trouvons dans le café Lilliput un parfait petit paradis pour glander… surtout pour Yann, qui kiffe le menu. Non, pas les plats au menu… j’ai bien dit LE menu !

Bref, journée glande totale jusqu’à 16h, heure de quitter la plage pour la ville et de nous installer à Panjim, la capitale, pour nous rapprocher de Old Goa que nous voulons visiter demain et de l’aéroport où nous devons nous trouver vendredi matin très tôt… Dîner (très) épicé (mais excellent) à deux pas de la guesthouse portugaise et charmante où nous logeons, et hop, au pieu !

Jeudi

Nous commençons par louer, ici aussi, un scooter (mais en ville, ça se fait avec casques), pour nous balader en ville et pouvoir nous rendre librement sur le site historique de Old Goa, à 10km de Panajim. Le Routard recommande une papèterie assez loin hors du centre sont nous décidons d’aller y faire un tour. Que nous a-t-il pris là !!! Les indications du guide sont réduites au plus simple (“à côté du terrain de foot”) et les ennuis commencent justement à partir du terrain de foot… Nous nous égarons dans des rues transversales, dans une colonie tout entière (une colonie, c’est-à-dire un quartier clos) et personne ne semble connaître cette satanée papèterie ! Au final il me faut les appeler car on ne s’en sort pas. Et évidemment comme c’est une journée maudite, on se fait une panne d’essence au retour… heureusement en centre-ville.

Un déjeuner bien mérité dans une sorte de boulangerie, et en route pour Old Goa, la capitale portugaise de la grande époque coloniale, désormais abandonnée et dont la plupart des (nombreuses) églises sont désaffectées. C’est plus un site archéologique en fait, où certaines églises sont parfaitement entretenues et d’autres totalement en ruines ; mais la cathédrale du Bom-Jesus, qui contient le corps de Saint-François-Xavier, reste un haut lieu de pèlerinage. Tous les je-ne-sais-plus-combien d’années, en décembre, le cadavre est même sorti de son cercueil et exhibé aux dévots adorateurs. Un peu écoeurant à mon sens, mais visiblement ici il y a un goût pour le macabre qui nous dépasse un peu (voir le Christ sanguinolent qui trône dans la même cathédrale). C’est amusant par contre de constater que les Indiens couronnent de fleurs les saints et dieux chrétiens comme ils le font avec les dieux hindous, et se déchaussent en entrant dans les églises, comme cela est prescrit dans les temples hindous et bouddhistes par exemple.

Pour terminer cette visite d’Old Goa nous montons jusqu’à l’église la plus haute, histoire d’avoir un point de vue, surtout pour l’éternel coucher de soleil que nous ne voulons pas manquer… C’est magnifique ! On se croirait au Brésil avec cette forêt tropicale qui moutonne jusqu’au fleuve et les clochers qui s’en échappent…

La fin de la journée se passe dans un bar de Panjim, à profiter une dernière fois des bières et du vin rouge qu’on n’est pas sûr de revoir de sitôt… C’est pas qu’on soit alcoolique, mais ça nous avait manqué, surtout au Gujarat où l’alcool est interdit ! Demain, départ à 5h pour retourner en Inde du nord… on vous expliquera ça bientôt. En tous les cas, Goa s’est avérée une halte très douce et un peu honteuse (ben oui, quoi, on n’est pas parti en vacances non plus !), mais tout à fait bienvenue après un mois de crapahutage épuisant au Népal et en Inde du Nord. C’était parfait.

Et donc, maintenant, vous nous dites: “Merci pour ce bel article”. Et nous vous répondons : ben ya pas de Goa !

Raconté par Amélie

Vos commentaires

4 Commentaires

  1. Jeu de mot final approximatif, mais il faut bien se défouler. Sinon, c’était quand? la semaine dernière? il y a 15 jours? un mois? deux mois?
    Les photos sont toujours aussi belles et l’histoire bien racontée. Bises…

    • Merci pĂ´pa. Sinon tu as la date dans l’article (juste en dessous du titre).
      Amélie

  2. Goa la portugaise, c’est plutôt cool…. Et le coup “on n’a pas pris de vacances”… mmmmmmm. Mais profitez, profitez, il en restera toujours quelque chose. On attend la suite, avec des tigres, des éléphants et autres mignons bestiaux. Bisous

    • Ben disons qu’au dĂ©part on n’a pas cherchĂ© Ă  partir “en vacances”… les vacances pour moi c’est inactif. On cherchait l’aventure nous… bon OK, pas Ă  Goa.


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