Un voyage d’Amélie Pontaillier et Yann Pagès
La pauvreté
« L’Hindou mendie, froidement, avec conviction, avec culot, considérant cet emploi comme sa destinée »
Henri Michaux – Un barbare en Asie, 1933
Plus d’un quart de la population indienne, soit près de 300 millions de personnes vit en dessous du seuil de pauvreté… Voyager en Inde c’est donc se confronter, parfois très violemment, avec cette pauvreté qui envahit les rues. Les gens vivent dehors, dans des bidonvilles ou des tentes, ou bien tout simplement sur un bout de carton à même le trottoir. Ils côtoient les animaux laissés libres dans les rues, vaches, cochons, poules,… rats. Et bien sûr, ils mendient pour survivre, et ce de toutes les façons possibles et imaginables : utilisation de leur handicap (aveugles, lépreux, culs-de-jatte,…), bénédictions soumises à rétribution, acrobaties des enfants, musique, ou simple main tendue qui s’assortit souvent d’un aller-retour vers vos pieds, car cette position d’adorant vous place en situation de bienfaiteur.
Mais cette mendicité fait partie intégrante du mode de vie indien ; et si demander est normal, donner l’est tout autant… au taux de conversion de la roupie, distribuer même une centaine de roupies par jour, à coups de pièces de deux ou de cinq roupies, ne ruine aucun Occidental. Et les sourires avec lesquels on vous aborde, comme ceux avec lesquels on vous remercie, rendent cette mendicité plus que supportable. Néanmoins, donner de l’argent n’étant pas toujours un service à rendre, il faut savoir offrir plus que des piécettes : un peu de votre temps avec les enfants qui se débrouillent en anglais et veulent juste que vous leur prêtiez votre appareil photo (qu’ils vous rendent après avoir pris plusieurs photos mal cadrées qui seront peut-être les plus touchantes de votre collection), ou qui seront plus heureux avec quelques bonbons ou de carrés de chocolat qu’avec de l’argent, un peu de nourriture aux veuves en détresse (car rejetées par la société indienne) que les policiers tentent de chasser, et un coca à leurs petits qui se tiennent, silencieux, dans leur ombre, ou le simple plaisir de se voir en photo sur l’écran de votre appareil numérique… Bref, la pauvreté en Inde est violente, mais ne doit pas faire peur. Tant qu’on ne se place pas en bienfaiteur de l’humanité, ou en grand dégoûté, tout ira bien…
Le mot de Yann :
Lors d’un énième abordage de notre rickshaw dans un embouteillage, nous voulions donner au magnifique vieillard qui se présentait quelques pièces comme d’habitude… mais nous n’avions que des billets. Qu’à cela ne tienne ! Le mendiant sort alors une épaisse liasse de billets et nous propose de nous rendre la monnaie sur la somme qu’il nous plaira de donner… Si les mendiants se comportent maintenant en banquiers, alors quelque chose a vraiment mal tourné quelque part !
Mendiants abordant notre rickshaw pour nous demander de l’argent…
2 Commentaires
Superbe photos :)! Belle prise de photos :p
Magnifiques!